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Date de naissance : 18 Octobre 1960 Pays d'origine : Belgique Sexe : masculin Métier : acteur, réalisateur, scénariste, ... Il partage avec Jean-Luc Godard le douloureux privilège de voir chacune de ses prestations tĂ©lĂ© retransmise le lendemain au zapping de Canal+. Il est l’acteur belge le plus connu au monde. Il a importĂ© John Woo, Tsui Hark et Ringo Lam aux Etats-Unis. Il a testĂ© pour vous Ă peu près toutes les substances illicites connues sur cette planète. Plus rĂ©cemment, il a Ă©tĂ© la star que tout le monde s'arrache au Festival de Cannes 2008. "Il", c’est Jean-Claude Van Damme, celui dont le simple nom suffit Ă rendre hilares des millions d’enfants de la tĂ©lĂ©. Un acteur, Van Damme? Mieux que ça. Un mythe, un nom essentiel. Explications. ![]() Les filles craquent sur ses fesses, les garçons l’imitent dans toutes les cours d’école, les adultes l’observent d’un Ĺ“il distrait, admettant sans trop de difficultĂ© que son jeu limitĂ© est nĂ©anmoins largement supĂ©rieur Ă ceux des autres star de la sĂ©rie B (Dudikoff, David Bradley…). Van Damme. Le nom est lâchĂ©, il sonne peu amĂ©ricain, mais tant pis, il fera le tour du monde avec un film (Bloodsport), imposant un style, relançant un genre. Aujourd’hui, ça fait sourire. A l’époque, dans cette dĂ©cennie glorieuse des annĂ©es 80, la rĂ©volution Van Damme Ă©tait plus qu’évidente. Il relance pour des annĂ©es le cinĂ©ma de karatĂ©, cantonnĂ©s jusqu’à prĂ©sent Ă quelques Jackie Chan importĂ©s et mal doublĂ©s. Il impose un kung-fu absolument improbable, mais amĂ©ricain (en opposition avec la boxe chinoise de Bruce Lee), spectaculaire et incroyablement photogĂ©nique, fait de figures imposĂ©es (le cĂ©lèbre coup de pied retournĂ© ou le grand Ă©cart facial). Plus que tout, il se fait reconnaĂ®tre par le style de ses personnages, qui imposent leur rythme aux films. Modestes, timides, parfois fragiles en apparence, ce sont bien souvent des immigrĂ©s moyens qui attendent de perdre, de s’en prendre plein la tĂŞte, avant de se rĂ©veiller pour une vengeance bien mĂ©ritĂ©e, emportant avec eux la pleine adhĂ©sion d’un spectateur aux anges. Masochisme? Un thème qui revient dans la quasi totalitĂ© de son Ĺ“uvre. Van Damme tranche ainsi radicalement avec le hĂ©ros invincible tendance Rambo et termine bien souvent ses films le visage tumĂ©fiĂ© et ensanglantĂ©. Le petit Jean-Claude Van Varenberg, nĂ© le 18 octobre 1960, chĂ©tif, bigleux, nul en classe, se lance Ă corps perdu dans le sport Ă l’âge de douze ans. Ses idoles sont Jacques Brel et Beethoven et ses ambitions sont encore bien trop grandes pour en faire part Ă papa fleuriste. Alors tout en prenant des cours de karatĂ© et de danse, il prend la suite dans le magasin bruxellois, mettant de l’argent de cĂ´tĂ©, inventant des compositions florales qui se vendent comme des petits pains. Perfectionnisme aidant, Jean-Claude dĂ©cide de se mettre Ă©galement Ă la musculation, afin de gagner en poids et en force brute. Souple et agile, puissant, il peut dĂ©buter dans la compĂ©tition sous l’égide de son mentor Claude Goetz (qui le dit Ă l’époque "laid comme un pou"), qui le soutient et l’entraĂ®ne depuis quelques annĂ©es. A ses dĂ©buts dans le cinĂ©ma, on a rapidement attribuĂ© Ă Van Damme un tas de victoires en championnats du monde. La vĂ©ritĂ© est tout autre: pĂ©trifiĂ© par la compĂ©tition, terrifiĂ© Ă l’idĂ©e de perdre, Van Damme est l’éternel second, celui sur qui tout le monde parie, vantant ses mĂ©rites et sa combativitĂ©, mais qui n’accède jamais Ă la plus haute marche du podium. En coulisses, pourtant, il fait merveille et bat Ă plate couture n’importe quel adversaire. Mais la peur qui lui tenaille le ventre l’empĂŞche de participer Ă des combats professionnels. Alors il ronge son frein, ouvre une salle de sport Ă Bruxelles, agrandit le magasin de fleurs et dĂ©cide que la comĂ©die a assez durĂ©. Finies les basses besognes, adieu les violettes et les pâquerettes, il sera acteur ou rien. Et comme la Belgique est un bien trop petit pays pour lui, c’est pour Hollywood qu’il s’envole, après un bref sĂ©jour Ă Paris et une apparition avortĂ©e dans Rue Barbare, l’actionner Ă -la-française de Gilles BĂ©hat dans lequel Bernard Giraudeau se prend des pains par Bernard-Pierre Donnadieu. Quand on est belge, pas très grand et qu’on ne parle pas un mot d’anglais, Hollywood n’est pas encore tout Ă fait prĂŞt Ă vous accueillir. Tenace, ambitieux, rĂ©aliste, Van Damme multiplie donc les petits boulots alimentaires (serveur, gardien de parking) et les contacts dans le cinĂ©ma. Il entraĂ®ne Chuck Norris sur PortĂ©s disparus, figure dans Break Dance 84, joue un karatĂ©ka homo dans Monaco Forever, connerie d’une demi-heure aussi incohĂ©rente qu’hilarante, Ă moitiĂ© floue, mais qu’un producteur sans scrupule sort en vidĂ©o quelques annĂ©es plus tard avec une photo de Double impact en jaquette. En attendant le grand jour, il suit des cours de comĂ©die et accoste ses idoles Ă la sortie des boĂ®tes de nuit. Parce qu’il faut bien manger, il accepte le rĂ´le de mĂ©chant dans deux sĂ©ries Z: KaratĂ© Tiger et L’Arme absolue (Black Eagle). Passons rapidement sur cette dernière, d’un total inintĂ©rĂŞt si ce n’est celui de montrer un acteur capable, aussi Ă l’aise dans les scènes d’action que dans celles (peu nombreuses, il faut bien l’admettre) de dialogue. KaratĂ© Tiger, s’il est Ă peine meilleur, comporte divers attraits: tout d’abord son humour, certes au ras des pâquerettes, mais finalement assez plaisant; son metteur en scène, Corey Yuen, futur chorĂ©graphe du Baiser mortel du dragon et frère de Woo-Ping (chorĂ©graphe de Matrix); et, surtout, la carrure impressionnante d’une star en devenir, vers laquelle se tournent toutes les camĂ©ras du monde entier, malgrĂ© sa prĂ©sence limitĂ©e Ă moins de cinq minutes. Cinq minutes durant lesquelles Van Damme fait une dĂ©monstration incroyable de ses talents, multipliant les prises, dĂ©fiant la gravitĂ©, faisant preuve d’une souplesse ahurissante et d’un charisme inĂ©dit pour ce genre de produit. Le film cartonne dans le monde entier et l’acteur belge est tout en haut de l’affiche. La rĂ©volution est en marche. Il ne lui manque que Le Titre, celui qui le propulsera au sommet de la gloire. Alors que de jour il incarne la main du Predator dans le film Ă©ponyme de John McTiernan (le costume de la crĂ©ature, trop grand, fut finalement utilisĂ© par Kevin Peter Hall), le soir, Van Damme arpente les rues de Los Angeles Ă la recherche de son billet d’entrĂ©e pour Hollywood. Les quelques sĂ©ries Z tournĂ©es ne sont pas encore sorties sur les Ă©crans et il reste encore inconnu. Un soir de pluie et de brouillard, il croise Ă la sortie d’un restaurant le producteur israĂ©lien Menahem Golan, qui a lancĂ© Michael Dudikoff et popularisĂ© aux Etats-Unis le ninja Sho Kosugi. Tentant le tout pour le tout, il dĂ©cide de l’accoster en lui balançant l’un de ses cĂ©lèbres coups de pied. Proche de l’apoplexie, Ă deux doigts de lâcher ses six gardes du corps entraĂ®nĂ©s par le Mossad, le nabab lui donne sa carte de visite, lui demandant de se prĂ©senter Ă son bureau le lendemain après-midi. La lĂ©gende est connue et Van Damme ne s’est jamais privĂ© de la raconter: bloquĂ© par une secrĂ©taire peu conciliante, il patiente plusieurs heures avant d’entrer dans le bureau du producteur. Au bord des larmes, il raconte son histoire, son arrivĂ©e aux Etats-Unis sans un sou en poche, ses petits boulots, ses galères, et fait une dĂ©monstration de ses talents d’athlète. Golan – qui avait "loupĂ©" Schwarzenegger quelques annĂ©es auparavant - ne dit rien et se contente de sortir de son tiroir le script de Bloodsport. "Le tournage commence dans quelques mois, vous avez le premier rĂ´le". Cadeau certes, mais cadeau empoisonnĂ© tant le scĂ©nario est indigent. Van Damme n’est pas en mesure de discuter, il s’envole pour Hong Kong quelques jours plus tard avec le reste de l’équipe (dont Forest Whitaker). Le tournage est chaotique, le metteur en scène Newt Arnold totalement incapable, les acteurs sont dramatiques et seul Bolo Yeung, adversaire de Bruce Lee dans OpĂ©ration Dragon, s’en sort Ă peu près. Van Damme est au bord de la dĂ©pression: le premier montage de Bloodsport est nul au possible, et Golan pense le relĂ©guer aux oubliettes, Ă©ventuellement le vendre un jour en vidĂ©o. DĂ©sespĂ©rĂ©, l’acteur propose au producteur de reprendre le montage du film, afin d’en resserrer les plans, d’en Ă©courter les scènes et de concentrer le film sur le Kumite, tournoi clandestin auquel participent les plus grands combattants de la planète. Devant le rĂ©sultat, miraculeux, Golan sort le film en grande pompe. Triomphe mondial, Bloodsport est un classique instantanĂ© du cinĂ©ma de tatanne, un petit produit sans prĂ©tention dont l’unique but est de plaire Ă des foules de mĂ´mes qui se castagnent Ă la sortie des salles. Devenu star du jour au lendemain, Van Damme peut donc imposer ses choix Ă son producteur, avec lequel il est sous contrat pour encore quatre films, et mettre en place une mĂ©thode qu’il adoptera pour la suite: opter pour le cinĂ©aste le plus Ă mĂŞme de faire rebondir sa carrière, sans jamais se satisfaire d’un faiseur sans personnalitĂ©. Après la parenthèse Kickboxer, qui contribue, grâce Ă plusieurs scènes d’anthologie et la prĂ©sence de l’incroyable mĂ©chant Tong Po, Ă asseoir sa popularitĂ©, l’acteur obtient pour Cyborg le meilleur des poulains de la Cannon, Albert Pyun, ex-collaborateur d’Akira Kurosawa. Jolie rĂ©ussite pour un film qui s’impose rapidement comme l’un des meilleurs sous-Mad Max jamais rĂ©alisĂ©s, et succès relatif, vite relayĂ© par le triomphal Full Contact (Lionheart), rĂ©alisĂ© par le pote de toujours Sheldon Lettich. C’est avec ce film qu’il met en place sa plus cĂ©lèbre marque de fabrique: la multiplication et la rĂ©pĂ©tition des angles pour un mĂŞme coup. Violent, brutal, spectaculaire (la variĂ©tĂ© des lieux de combat), le film s’impose comme un nouveau petit classique. Au demeurant, l’on y remarque pour la première fois la fidĂ©litĂ© de l’acteur, qui engage de nouveau l’un des frères Qisis pour jouer la rĂ´le du mĂ©chant Atilla. Copains d’école, Abdel et Michel Qisis seront d’une bonne partie des films de la star: Kickboxer, Full Contact, Le Grand Tournoi, The Order… Fort de plusieurs triomphes successifs, Van Damme peut dorĂ©navant rivaliser avec les plus grands. Il fait la une des journaux, est invitĂ© aux Oscars ou Ă Cannes, fait le tour du monde, et surtout... accède enfin au statut de star bankable, sur laquelle on mise un gros budget. Refusant les compromis, il dĂ©laisse les films de kung-fu, genre dans lequel s'est engouffrĂ©e une tripotĂ©e d’artistes martiaux aux talents d’acteur inversement proportionnels au tour de bras: Olivier Gruner, Jeff Speakman, Emanuel Kervin… Après une dernière commande Cannon (le très sympathique et surtout bien photographiĂ© Coups pour coups – Death Warrant), son premier film de sĂ©rie A sera une Ă©norme comĂ©die d’aventures, ambitieuse, tournĂ©e en Chine, dans laquelle il interprète pour l première fois un double rĂ´le, celui de deux jumeaux. RĂ©alisĂ© par Sheldon Lettich, ce Double Impact (1991) au budget de 20 millions de dollars a aujourd’hui pris un tel coup de vieux qu’il apparaĂ®t comme l’un de ses plus ratĂ©s. La prĂ©sence de Bolo Yeung et de la culturiste Cory Everson, l’utilisation d’effets spĂ©ciaux rĂ©ussis et un humour indĂ©niable n’y changent rien. Mais le film a du succès et Van Damme se rĂ©vèle plutĂ´t Ă l’aise dans son double rĂ´le – au point de retenter l’expĂ©rience de la gĂ©mellitĂ© dans Risque maximum ou Replicant. Sa cote de popularitĂ© est Ă son maximum, il sera bientĂ´t l’égal de ses idoles Arnold et Sly. Avec Universal Soldier en 1992, il continue son ascension mais se fait piquer la vedette par Dolph Lundgren, qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue le mĂ©chant. Les deux hommes montent les marches du Festival de Cannes pour la prĂ©sentation du film, mais manquent de se bastonner devant une foule de journalistes. Images mythiques, canular probable, Jean-Claude dĂ©couvre le star-system. Mise en scène ample, jolies premières sĂ©quences, mais enchaĂ®nement par la suite de scènes convenues, le film est rĂ©alisĂ© par l’Allemand Roland Emmerich pour moins de 30 millions de dollars, et semble en avoir coĂ»tĂ© le double. Le public se rue en masse, le film est un triomphe (plus de 100 millions de dollars de recettes), qui double en plus la mise lors de sa sortie vidĂ©o. A ce stade de sa carrière, Van Damme peut tout se permettre, y compris la folie de vouloir prouver qu’il est aussi un acteur, un vrai, un oscarisable. Si personne n’en doute dans son public de fans hardcore – dĂ©jĂ Ă©blouis par la performance toute en nuance et en finesse de Double Impact -, le reste du monde, moins la Belgique qui se trĂ©mousse de douleur, se marre d’avance. Cavale sans issue (Nowhere to Run - 1992) est un joli projet au budget d’une quinzaine de millions de dollars. La star fait appel Ă Robert Harmon, rĂ©alisateur ayant un chef d’œuvre discret Ă son actif (Hitcher), et dĂ©bauche, pour jouer Ă ses cĂ´tĂ©s, Rosanna Arquette. Grands espaces, beaux sentiments, Ă©motions, amitiĂ©, amour, chants d’oiseaux, Van Damme joue sur la corde sensible, prend plaisir Ă se trouver une fois de plus lĂ oĂą on ne l’attend pas, et surprise, ce quasi remake de Shane, l’homme des vallĂ©es perdues est une petite rĂ©ussite, l’un des films les plus attachants de l’acteur, qui joue ici plus qu’il ne frappe. Qu’en est-il des scènes dramatiques? Contre toute attente, s’il ne rĂ©volutionne pas l’Actor’s studio, la star tire son Ă©pingle du jeu, rĂ©ussit Ă faire transparaĂ®tre de vĂ©ritables Ă©motions, notamment dans les scènes qu’il partage avec le dĂ©butant Kieran Culkin, incroyablement plus talentueux que son frère Macaulay (celui des Maman j’ai ratĂ© l’avion). Pourquoi avoir pris le risque de dĂ©plaire Ă ses fans? Tout simplement parce que Jean-Claude sait qu’il possède dans sa manche un atout de taille. En cas de plantage au box-office (et Cavale sans issue est en effet un succès tout relatif), son film suivant le remettra sur les rails de la gloire: un projet homĂ©rique, produit par Sam Raimi, et rĂ©alisĂ© par un petit gĂ©nie chinois qui renouvelle depuis quelques annĂ©es les bases du cinĂ©ma d’action via des chefs d’œuvre colossaux (The Killer, Une balle dans la tĂŞte…), John Woo. Le cinĂ©aste, que le tout Hollywood s’arrache, cherche un projet taillĂ© sur mesure dans lequel il pourra prouver son aptitude Ă travailler selon un modèle amĂ©ricain. Chasse Ă l’homme (Hard Target - 1993) sera ce billet d’entrĂ©e. Aujourd’hui mal aimĂ© et surtout mal compris, ce film monumental sonne comme la matrice de l’œuvre Ă venir de l’acteur. Chasse Ă l’homme, Double Team, Piège Ă Hong Kong, fausse trilogie chinoise qui forme un ensemble cohĂ©rent dans l’œuvre de l’acteur et que ses dĂ©tracteurs devraient adorer. Parce que John Woo, comme Tsui Hark (mais, contrairement Ă Ringo Lam, le seul cinĂ©aste chinois avec qui Van Damme se soit rĂ©ellement entendu, amicalement et artistiquement), porte un regard incisif sur l’AmĂ©rique et le cinĂ©ma d’action, faisant de l’acteur l’emblème de l’échec du rĂŞve amĂ©ricain. Premières images, et dĂ©jĂ première Ă©vidence: Van Damme, statufiĂ© au ralenti sur une musique de country, est ouvertement pris pour un con. DĂ©barquant aux Etats-Unis la tĂŞte pleine d’une imagerie hollywoodienne surannĂ©e, John Woo dĂ©couvre la rĂ©alitĂ© sociale et Ă©conomique du pays dans les bayous de la Louisiane. Qu’est devenu le rĂŞve amĂ©ricain? Il a fait son temps, personnifiĂ© aujourd’hui par le corps de Van Damme. Ironie mordante Ă laquelle l’acteur ne peut Ă©chapper. Chasse Ă l’homme s’évertuera tout du long Ă maltraiter ce corps, Ă lui faire perdre tout repère et tout honneur, faisant Ĺ“uvre d’iconoclaste. Paradoxalement, c’est dans ce rapport masochiste avec lui-mĂŞme et les cinĂ©astes qui le dirigent que Van Damme se rĂ©vèle soudainement passionnant. Alors que Stallone ou Schwarzie s’enlisent dans des projets rĂ©alisĂ©s par Rob Cohen ou Chuck Russel, Van Damme entame une Ĺ“uvre captivante et suicidaire Ă la fois. Et si Chasse Ă l’homme remporte malgrĂ© tout un joli succès, si Timecop (Peter Hyam - 1994), et surtout Streetfighter (Steven de Souza – 1994, pour lequel il touche près de sept millions de dollars) cartonnent parce que plus classiques, le glas est sonnĂ© pour un acteur qui n’aura de cesse de se dĂ©tourner d’un chemin tout tracĂ©. Après l’AmĂ©rique et ses illusions, c’est au tour du mythe de l’espion d’être soudainement dĂ©construit cette fois par le gĂ©nial Tsui Hark. Dès le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but de Double Team (1996), la dĂ©sillusion est totale. Aujourd'hui, l'agent secret a pour seule mission de voler un camion prototype dans une usine d'un pays de l'Est. RĂ´le ingrat et qui ne peut, bien entendu, redorer le blason d'un mĂ©tier qui ne fait plus autant rĂŞver. En effet, comment rĂŞver devant cet agent aux traits de Van Damme, qui se repose au bord de sa piscine niçoise entre chaque mission? Espion industriel, l'agent s'ennuie et n'aspire qu'au repos. Seul consolation, poursuivre sans cesse son ennemi de toujours, lui aussi transfuge de la guerre froide: le terroriste Stamos (magnifiquement jouĂ© par un Mickey Rourke Ă la dĂ©rive). Avec une maestria hallucinante, constance chez ce cinĂ©aste, le film joue avec les codes du film d’espionnage pour mieux les transgresser un Ă un, se retirant du mĂŞme coup toute possibilitĂ© de succès commercial. Hark va encore plus loin dans la dĂ©construction du mythe Van Damme en l’amenant cette fois en Chine pour Piège Ă Hong-Kong (Knock-off – 1997), un film dĂ©lavĂ©, dĂ©construit de l’intĂ©rieur, dans lequel mĂŞme la pellicule perd de ses couleurs et de sa propretĂ©. Plus rien ne subsiste sous la camĂ©ra du cinĂ©aste revanchard, et les corps comme les objets perdent de leur substance, de leur nettetĂ©, balancĂ©s qu’ils sont au milieu de scènes d’action proprement stupĂ©fiantes qui s’enchaĂ®nent dans un dĂ©lire incroyable. L’œil torve, le nez dans la coke durant tout le tournage, Van Damme ne se rend pas compte de ce qui se trame sous son nez et accepte l’impensable: se faire fouetter Ă coups d’anguille dans une scène anthologique. Toujours soucieux de travailler avec des auteurs susceptibles d’entraĂ®ner sa carrière sur des terrains inĂ©dits, Van Damme rencontre Ringo Lam en 1996, juste après avoir entièrement Ă©crit, montĂ©, rĂ©alisĂ© un film honorable, Le Grand Tournoi (The Quest – 1996). TournĂ© Ă Nice, interprĂ©tĂ© par Jean-Hugues Anglade et StĂ©phane Audran, Risque maximum tranche radicalement avec le reste de sa filmographie. Polar très noir, sous l’influence de Verneuil ou de Besson tendance LĂ©on, Risque maximum rĂ©vèle aux yeux de ses rares spectateurs (comme Double Team et Piège Ă Hong-Kong, le film fait moins de 10 millions de dollars au box-office amĂ©ricain) un Van Damme retenu, douĂ© pour exprimer des Ă©motions, pour faire passer des sensations. Certaines scènes, sans atteindre des sommets, font plaisir Ă voir, et leur sĂ©cheresse confère au tout une atmosphère inĂ©dite. Van Damme est aux anges, ses fans aussi, et il retrouvera le cinĂ©aste pour deux films, ainsi qu’un tas d’autres projets avortĂ©s. Parmi ces films fantĂ´mes, soulignons surtout le fameux The Monk, avec lequel Lam voulait rĂ©aliser le meilleur film de karatĂ© de tous les temps. L’affiche, prĂ©sentant un Van Damme chauve, a fait les beaux jours du Festival de Cannes, et l’acteur a perdu plusieurs dizaines de kilos pour faire de son corps une vĂ©ritable machine ascĂ©tique et agile. Malheureusement, la proximitĂ© scĂ©naristique d’un Rush Hour enterra dĂ©finitivement le projet. Mais avant ce Monk, il y eut le plus beau projet de la star, celui qui allait faire de lui un acteur respectable et respectĂ© par la presse, une sĂ©rie B Ă couper le souffle, aux aspĂ©ritĂ©s narratives absolument Ă©blouissantes. Replicant est une petite bombe, rĂ©alisĂ©e pour une somme dĂ©risoire. La presse est Ă©logieuse sur la performance artistique de l’acteur, soulignant la sensibilitĂ©, la personnalitĂ©, de son jeu. Lam a su tirer le meilleur parti d’un acteur sur le dĂ©clin, en le dirigeant comme un enfant. Les dĂ©tracteurs se marrent, Van Damme assume, et le rĂ©sultat est Ă©poustouflant. Au demeurant, le film est d’une noirceur extrĂŞme et d’une violence rare. EncouragĂ©s par le succès critique du film, le cinĂ©aste et l’acteur remettent ça quelques annĂ©es plus tard pour un In Hell en demi teinte, aux ambitions poĂ©tiques lĂ©gèrement dĂ©suètes, mais Ă la bestialitĂ© brute et choquante. Van Damme, dĂ©sincarnĂ© totalement par l’univers carcĂ©ral qui l’entoure, devient une arme redoutable, un zombie effrayant qui fait pour la seconde fois preuve d’un vĂ©ritable talent d’acteur. Les deux films sortent malheureusement en vidĂ©o – sauf en France pour le premier – et ne relancent toujours pas la carrière du Belge volant. Le marchĂ© du DVD est propice Ă la sortie de quantitĂ©s de conneries audiovisuelles, et les films de Van Damme sont ajoutĂ©s au panier depuis les Ă©checs en salles de Double Team et surtout Piège Ă Hong-Kong et Universal Soldiers 2, des films gravement dĂ©ficitaires. C’est dĂ©sormais au milieu de ce marchĂ© qu’évolue tristement la carrière de l’acteur, et les dates de sortie s’espacent de plus en plus. "Tant mieux, dĂ©clare un Van Damme lucide, il vaut mieux que certains de ces films ne soient pas vus" dit-il Ă propos de The Order, Derailed, Ultime menace, trois catastrophes cinĂ©matographiques. Depuis quelques annĂ©es, le public de la star belge s’est dĂ©placĂ©, de façon presque ingrate, vers la petite lucarne, guettant avec impatience l’apparition forcĂ©ment mĂ©morable d’un acteur qui a depuis longtemps perdu toute crĂ©dibilitĂ©. On aurait voulu dĂ©truire sa carrière que l’on ne s’y serait pas pris autrement, Ă croire que Patrick Sabatier, grand fossoyeur de has been, est dans le coup. Certes, Van Damme a sans doute un discours parfois peu comprĂ©hensible. Certes, Van Damme ne s’est jamais rĂ©ellement remis de l’absorption de toutes les substances diverses et variĂ©es qui lui sont passĂ©es sous le nez. Certes, Van Damme, qui se rĂ©vèle aujourd’hui incapable de terminer une phrase, a tous les symptĂ´mes du cocaĂŻnomane. Est-ce une raison pour en faire l’amuseur numĂ©ro 1 dans des soirĂ©es entières consacrĂ©es Ă ses dĂ©lires, organisĂ©es par Arthur - qui se dĂ©signait lui-mĂŞme comme l’animateur le plus con de la tĂ©lĂ© - dans l’unique but de satisfaire une audience au QI Ă un chiffre? Est-ce une raison pour que M6 diffuse ses films sous l’appellation "soirĂ©e aware"? Le livre Parlez-vous le jeanclod tĂ©moigne-t-il rĂ©ellement d’une intelligence supĂ©rieure Ă celle de l’acteur? Il n’est pas question ici de remettre en cause la bĂŞtise de certains discours de Van Damme (reconnaissons que le mĂ©lange franglais peu aboutir Ă certaines perles), mais plutĂ´t de souligner le fait que pas un des sites qui lui sont si mĂ©diocrement consacrĂ©s, pas une des Ă©missions créées dans l’unique but de se foutre de sa gueule, n’a daignĂ© dire Ă quel point il pouvait ĂŞtre un acteur valable lors de la sortie de Replicant (pour prendre un exemple). Il est donc temps de remettre certaines choses au clair. Depuis son cĂ©lèbre et pathĂ©tique rot sur Canal+ en 1994, Van Damme pâtit de son image tĂ©lĂ©visuelle. On le dit prĂ©tentieux, con, frimeur, dragueur; on ne parle quasiment plus de ses films, qui ne sont de toutes façons pas vus; on Ă©voque ses frasques hallucinogènes, et on Ă©rige en proverbe ironique la moindre de ses paroles franglaises. Pourtant, ces paroles, quelles sont-elles? A longueur d’interviews - aux questions bien souvent plus crĂ©tines que les rĂ©ponses -, il ne cesse de dire qu’il a ratĂ© sa vie, enjoignant les lofteurs d’M6 de ne surtout pas prendre modèle sur lui. Bel exemple de prĂ©tention. Il explique Ă Cannes qu’il sait parfaitement parler français mais qu’il aime utiliser le mot le plus juste, quitte Ă mĂ©langer les deux langues. Il parle avec humour chez Ardisson de "nains qui font de la peinture" et on se fout de lui, sans mĂŞme se rendre compte que son humour n’est pas plus non-sensique que celui d’Eric et Ramzy, pourtant souvent invitĂ©s et applaudis. Il Ă©voque sa carrière, ses ratages, ses rĂ©ussites, dans un sublime documentaire diffusĂ© sur Canal+ en 2003… Mais qui l’a vu et retenu, ce documentaire? Arthur (qui, jusqu'Ă son spectaculaire retournement de veste en 2008), passait son temps Ă se foutre de lui) ? Probablement pas. Dommage, il y aurait sans doute remarquĂ© un personnage foncièrement gĂ©nĂ©reux, pas plus idiot qu’un autre, mĂ©lancolique, naĂŻf, lucide et bosseur. Et c’est ce que l’on oublie parfois de dire Ă son sujet. Qui peut se targuer d’avoir eu une carrière comme la sienne? S’il n’est pas absolument unique, il a su gravir un Ă un des Ă©chelons Ă jamais inaccessibles pour toute une partie de "l’intelligentsia" parisienne. Ecrivant, montant, chorĂ©graphiant et mettant parfois en scène des films d’un niveau plus que correct, il mĂ©rite un respect un petit peu, un tout petit peu plus Ă©levĂ© que celui dont il bĂ©nĂ©ficie actuellement. Allez, Jean-Claude, on est avec toi, in you we trust. Remonte sur le ring (sortie un jour de Bloodsport 2 ?) et fait tout pĂ©ter. Et une dernière requĂŞte: la prochaine fois qu’un Castaldi se moque de toi… Colle z-y un pain. Filmographie sélective de Jean-Claude Van Damme
2013 : Enemies Closer (Acteur) 2012 : Dragon Eyes (Acteur) 2012 : Universal Soldier : Le jour du jugement (Acteur) 2012 : Six Bullets (Acteur) 2012 : Expendables 2 (The) (Acteur) 2011 : Assassination Games (Acteur) 2011 : Beur sur la ville (Acteur) 2009 : Holly Blood (Acteur) 2009 : Universal Soldier 3 : Regeneration (Acteur) 2009 : Soldier (Acteur) 2009 : Soldier (Réalisateur) 2009 : Soldier (Scénariste) 2008 : JCVD (Acteur) 2008 : Vent d'âme (Acteur) 2008 : Une journĂ©e avec Jean-Claude Van Damme (Acteur) 2007 : Jusqu'Ă la mort (Acteur) 2007 : Trafic mortel (Acteur) 2007 : Bloodsport 2 : New Begining (Acteur) 2006 : Kumite (Acteur) 2006 : Ultime menace (Acteur) 2006 : Kumite (Réalisateur) 2006 : Hard Corps. (The) (Acteur) 2006 : Exam (L') (Acteur) 2006 : Kumite (Scénariste) 2005 : Coverplay (Acteur) 2004 : Empreinte de la mort (L') (Acteur) 2004 : Narco (Acteur) 2003 : Tower (The) (Acteur) 2003 : Tower (The) (Réalisateur) 2003 : Tower (The) (Scénariste) 2003 : Dans la peau de Jean-Claude Van Damme (Acteur) 2003 : In Hell (Acteur) 2002 : Abominable (Acteur) 2002 : Order (The) (Scénariste) 2002 : Order (The) (Acteur) 2002 : Point d`impact (Acteur) 2002 : Monk (The) (Acteur) 2001 : Replicant (Acteur) 2000 : Inferno (Acteur) 1999 : Universal soldier 2 - Le Combat absolu (Acteur) 1998 : LĂ©gionnaire (Acteur) 1998 : LĂ©gionnaire (Scénariste) 1997 : Double Team (Acteur) 1997 : Piège Ă Hong Kong (Acteur) 1996 : Risque maximum (Acteur) 1996 : Grand tournoi (Le) (Réalisateur) 1996 : Grand tournoi (Le) (Scénariste) 1996 : Grand tournoi (Le) (Acteur) 1995 : Mort subite (Acteur) 1994 : Street Fighter (Acteur) 1994 : Timecop (Acteur) 1993 : Last Action Hero (Acteur) 1993 : Chasse Ă l`homme (Acteur) 1992 : Cavale sans issue (Acteur) 1992 : Universal Soldier (Acteur) 1991 : Night of the Leopard (Acteur) 1991 : Double Impact (Acteur) 1991 : Double Impact (Scénariste) 1990 : Red Fox (Acteur) 1990 : Coups pour coups (Acteur) 1989 : Full Contact (Acteur) 1989 : Full Contact (Scénariste) 1988 : Bloodsport (Acteur) 1988 : Kickboxer (Acteur) 1988 : Cyborg (Acteur) 1987 : Arme absolue (L') (Acteur) 1986 : Karate Tiger (Acteur) 1984 : Monaco Forever (Acteur) 1984 : Rue Barbare (Acteur) 1984 : Break Street 84 (Acteur) 0000 : Streetfighter 2 (Acteur) |
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